Le régime de Vichy et sa répression

Le régime de Vichy et sa répression

La presse, outil de propagande
par Jean-Pierre Besse

L'Occupation modifie profondément le paysage journalistique départemental.
Un nouveau journal paraît à Senlis à partir du 1er septembre 1940, La Liaison, qui va défendre les positions de la Révolution nationale sans tomber dans la Collaboration exacerbée, comme La République de l'Oise , La Gazette de l'Oise ou La Tribune de l'Oise. La position des deux premiers est en rupture complète avec leur engagement d'avant-guerre à gauche.
L'Hebdomadaire picard, imprimé à Grandvilliers, qui reprend sa parution le 14 juin 1941, se situe lui aussi sur des positions maréchalistes, comme le prouve son premier éditorial : "Aujourd'hui, chez nous il n'y a plus qu'un homme et qu'une France ; un homme qu'il faut suivre, une France qu'il faut servir (...) L'homme, le Maréchal Pétain, est encore un plus grand citoyen qu'un grand capitaine. Nous le suivrons de toute notre volonté dans son œuvre pour le salut du pays (...)".
Quant au Progrès de l'Oise qui paraît à Compiègne depuis 1840, et défend les positions de la droite modérée, il cesse de paraître en mars 1941 en raison, "des difficultés de ravitaillement en papier, des restrictions sur la consommation de gaz et de l'augmentation des matières premières".

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 Les organismes de l'Etat Français
par Jean-Pierre Besse

Moins de trois semaines après l'Armistice, le maréchal Pétain reçoit les pleins pouvoirs constitutionnels à Vichy. Parmi les 80 parlementaires qui ont voté "non", on trouve le député maire SFIO de Creil, Jean Biondi.
La République est morte, elle est remplacée par l’État français. Le gouvernement de Vichy veut tirer profit de la situation internationale et de l'occupation du territoire français pour imposer une Révolution nationale.
Dans les départements, les préfets sont chargés d'appliquer cette politique. Dans la zone occupée, ils doivent compter avec les Allemands. La Révolution nationale repose sur une volonté de "rénovation" des structures politiques, économiques et sociales qui touche tous les domaines : agriculture, industrie, jeunesse, assistance...
Beaucoup de ces réformes restent des coquilles vides. La situation politique intérieure et internationale, l'évolution du cours de la guerre empêchent leur mise en application complète et durable

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Les assemblées départementales et municipales
par Jean-Pierre Besse

Le vote du 10 juillet 1940 à Vichy, qui met fin à la République, donne au maréchal Pétain les pleins pouvoirs constitutionnels et instaure l'Etat français, sonne aussi le glas de la démocratie en France. Les institutions démocratiquement élues (conseil général, conseil d'arrondissement) disparaissent. Dans les communes de plus de 2 000 habitants, les conseillers municipaux et les maires sont désormais nommés par le gouvernement. De nombreux conseils sont dissous et remplacés par des délégations spéciales.
Les mesures prises contre les juifs, les franc-maçons, les opposants à la Révolution nationale modifient aussi la composition des assemblées.

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Partis et groupes collaborationnistes
par Jean-Pierre Besse

Les partis et groupes de la Collaboration sont bien implantés à Paris où ils espèrent trouver auprès des autorités d'Occupation un soutien actif et des aides financières. Ils sont aussi présents dans l'Oise, où le PPF était déjà actif avant la défaite. Force est de constater que leur nombre d'adhérents a toujours été faible, même si à la Libération, ces partis ont été lourdement frappés lors des procès. Toutefois, la presse a largement diffusé leurs messages. Au-delà des informations parues, annonçant les réunions et les activités, c'est le contenu des articles de politique internationale et nationale qui distille auprès de la population oisienne l'idéologie des ces partis.

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La répression contre la Résistance
par Jean-Pierre Besse

Au même titre que la répression contre les communistes en 1940-1941 et les persécutions contre les juifs, la répression contre la Résistance s'accomplit en étroite collaboration avec les autorités françaises. Des résistants, arrêtés par la gendarmerie ou la 21e brigade spéciale de Saint-Quentin, se retrouvent, après un séjour à Amines ou à Saint-Quentin, à Royallieu, camp d'internement administré par les Allemands.
Dans les derniers mois de l'Occupation, cette répression est tournée vers les maquis. L'approche de la libération du département est marquée par des actions de représailles menées par les troupes d'Occupation contre la population civile.

Action policière anti-résistante

par Jean-Pierre Besse


La répression contre les communistes en 1940-1941 puis contre les juifs et les résistants, tantôt baptisés "gaullistes", "communistes", "anglophiles" ou "terroristes", sans que les nuances soient claires, est l'objet d'une étroite collaboration entre le gouvernement de Vichy et les autorités allemandes. Une collaboration qui tourne parfois à la concurrence, l'objectif restant le même. 

Trois exemples, parmi d'autres, éclairent cette collaboration :

Les juifs arrêtés dans l'arrondissement de Senlis, en octobre 1942, sont placés sous la surveillance du commissaire de police de Creil, avant d'être transférés à Royallieu.

Les rapports de gendarmerie mentionnent plusieurs fois l'arrestation par la brigade, de juifs "sur ordre des autorités d'Occupation".

Henri Lefèvre, alias "André", responsable interrégional des Jeunesses communistes, organisateur de plusieurs groupes armés dans l'Oise, est arrêté le 29 (ou 30) septembre 1943 par les gendarmes français (brigade de Clermont ou Méru ?). Selon son dossier à la Fondation de la Résistance, il est remis le 1er octobre aux autorités d'Occupation.


Illustration: 

Plaque apposée sur un mur à Sailleville, Collection ANACR-Oise, DR.


 Les mesures d'exclusion et de répression politiques
par Jean-Pierre Besse

Avant que la Résistance ne se manifeste, la répression du gouvernement de Vichy frappe les communistes, les francs-maçons et les juifs. Elle s'étend progressivement à tous ceux qui critiquent le nouveau régime. Albert Héraude, SFIO, conseiller municipal de Beauvais, et Lucien Notaire, radical-socialiste, conseiller municipal de Nogent-sur-Oise, sont relevés de leurs fonctions en février 1942 "pour hostilité manifeste à l'œuvre de rénovation nationale".
Des lois sont adoptées pour exclure ou stigmatiser ces "ennemis". De plus en plus, c'est en collaboration avec les autorités d'Occupation que des mesures sont prises. Il devient difficile de différencier dans les arrestations, celles qui relèvent de la police de Vichy ou des organismes allemands. Les rapports de gendarmerie signalent parfois des arrestations de juifs sur ordre des Allemands et mentionnent aussi des arrestations de résistants par les forces allemandes, "pour des raisons inconnues".

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La répression contre les attentats communistes et  anarchistes
par Jean-Pierre Besse

Dés le début de l'Occupation, les tribunaux militaires allemands frappent sans pitié toute attitude hostile. En zone non-occupée, les tribunaux militaires sont également chargés de la répression politique.
Devant la multiplication des attentats et des sabotages en 1941, la répression judiciaire s'accroît. Le gouvernement de Vichy répond aux demandes allemandes en créant, par la loi du 14 août, des sections spéciales chargées de réprimer "toutes menées communistes ou anarchistes". Elles jugent sans instruction préalable, condamnent à mort sans possibilité d'appel. Leurs arrêts sont immédiatement exécutoires. La Section spéciale de Paris siège, pour la première fois, le 27 août 1941.

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Les persécutions anti-juives

par Jean-Pierre Besse


Comme pour la répression contre les communistes en 1940-1941 ou la lutte contre les résistants, la répression anti-juive est le résultat de la collaboration entre le gouvernement de Vichy et les autorités allemandes.

La gendarmerie française est parfois amenée, sur ordre des autorités d'Occupation, à arrêter dans des petites communes, les juifs. La grande rafle qui frappe les juifs français du département, le 4 janvier 1944, est réalisée en collaboration entre les deux autorités.

Le département de l'Oise est enfin, dès décembre 1941, le lieu d'internement des juifs au camp de Royallieu, administré par les Allemands, et c'est de Compiègne que part le premier train, le 27 mars 1942.

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